05-07-2013 QWANT moteur recherche français

Business 

Ne dites plus "le Google français".
Qwant revient dans une version définitive, mais cherche à se démarquer un peu plus de la référence. Avec un outil plutôt réussi.

Soirée de lancement atypique pour Qwant, le 5 juillet 2013.

Le moteur de recherche "made in France",
comme le soulignent à plusieurs reprises ses deux cofondateurs, semble hésiter entre l'affichage à l'américaine de ses ambitions
de conquête et la justification de sa personnalité
après une phase bêta pour le moins chahutée.

Un mot d'ordre martelé par Jean-Manuel Rozan, président de Qwant :

"La société est française, les ingénieurs sont français, les capitaux sont français."


Manière de raccrocher au wagon du made in France ? C'est de bonne guerre, et le "moteur de recherche à 360°" a d'autres arguments à faire valoir.

FRANCE made. Logo

Capitaux français... et américains ?

Le patriotisme économique est de bon goût, et ce ne sont pas les Américains qui viendront le contester.

Entre le Moto X de Motorola
qui joue à plein la carte 'God bless America' et Apple qui relocalise la production de certaines de ses machines sur le sol des Etats-Unis, on se sent en droit de se laisser pousser du col quand le coq français vient innover sur le terrain de Google et compagnie.

Cela dit, si le brevet de francité ne serait être refusé à Qwant, quelques contradictions peuvent être relevées. Il faudrait notamment dire "les capitaux sont très majoritairement français". Car lorsque Qwant avait annoncé son premier tour de table et la préparation du second, en mars dernier, il était question de plusieurs investisseurs américains.

Robert Pittman, notamment, ancien PDG d'AOL, de MTV et patron du fonds d'investissement Pilot Group, a mis des billes à titre personnel dans le moteur de recherche tricolore.

"Il a investi à titre personnel 150 000 euros," précise Jean-Manuel Rozan, qui détaille le reste des participants aux deux tours de table :

  • 3 investisseurs non français détiennent 2,5 à 3% du capital ;

  • les quatre cofondateurs en détiennent 85%.

Le tout pour deux levées de fonds totalisant 2,8 millions d'euros. Le chiffre est étonnant en soi, car Jean-Manuel Rozan avait fait état auprès de Clubic Pro, en février 2013, d'un peu moins de 10 millions d'euros levés, alors qu'un seul tour de table avait eu lieu. Le cofondateur dit aujourd'hui avoir "parlé de plusieurs millions d'euros", mais ne souhaite visiblement pas s'étendre sur le sujet.

On le comprend, puisque Qwant est "au milieu d'une levée de fonds", qui devrait déboucher à la rentrée prochaine. Si elle réussit, le moteur devrait avoir de quoi tenir entre novembre 2013 et mai 2014, date à laquelle il espère avoir validé son "proof-of-concept" et aller chercher des capitaux institutionnels.

Qwant a-t-il trouvé sa personnalité ?

En attendant, l'argent est visiblement bien employé. Qwant s'est efforcé, pour publier sa nouvelle version le jour du lancement officiel - dont on note qu'elle est toujours agrémentée d'un "bêta" - de se démarquer de Google.

La trop grande proximité avec le géant lui avait largement été fait à sa sortie, certains considérant notamment qu'il ne s'agissait que d'une surcouche allant chercher ses résultats de recherche chez d'autres.

Les fondateurs l'avaient mal pris à l'époque, et continuent de justifier l'achat de résultats du côté de Microsoft notamment. Certaines fonctionnalités, comme la recherche de photos, coûtent trop cher à développer pour l'instant. "Nous continuons et nous continuerons d'acheter certaines choses," martèle Eric Léandri, directeur général de Qwant.

Pour se démarquer, le moteur joue donc sur d'autres fonctionnalités. La visualisation sur une seule page des résultats issus des pages web, des réseaux sociaux, des photos et vidéo, des actualités ou du shopping. La présence de "Hot trends" en bas de page, identifiés par des couleurs selon leur provenance et au design retravaillé pour inclure des images.

Le mode d'affichage "Mosaïque" des résultats demeure également, et Qwant propose désormais un "Carnet de notes", qui permet d'épingler résultats de recherche en un clic à condition d'avoir un compte et d'y être connecté.

Autant d'outils qui lui permettront, espère le moteur, de gagner l'étiquette de "moteur à 360°" qu'il revendique. Un nouveau logo permet également d'exprimer cette volonté de différenciation. Exit les cinq couleurs faisant penser à Google.

Pour le reste, Qwant répond surtout aux critiques : le crawling et l'indexation sont actifs, affirment les cofondateurs, et alimentent déjà en réponses d'ores et déjà 1 million de requêtes par jour, soit un total de 225 millions de requêtes depuis le lancement.

 

Logo BUSINESS en cube


Le moteur regroupe 3,5 millions de visites chaque mois, avec des statistiques assez intéressantes qui semblent à première vue valider sa stratégie de regroupement et de découverte : 70% de visiteurs qui reviennent après une première visite, 5,7% de taux de rebond et 6 minutes 13 passées par chaque visiteur en moyenne sur le site. Avec, pour épauler tout ça, un datacenter - "en France" - entièrement équipé en SSD et reposant essentiellement sur Hadoop et MongoDB.

I'm freeeeee !

Mais l'un des principaux nouveaux arguments du moteur de recherche, c'est son Freedom Qookie. Amusante appellation, tant le cookie n'est généralement pas synonyme de liberté sur Internet. Reste que s'il est utile pour "offrir une meilleure expérience d'utilisation", axe de communication classique des services en ligne, Qwant garantit que le sien ne permettra aucun pistage de l'internaute.

Voilà qui risque de poser quelques problèmes à la régie publicitaire du moteur...

Car à l'heure où Facebook a intégré une option de retargeting publicitaire directement dans son fil d'actualités, où le reciblage est loué par tout le petit monde du marketing pour ses capacités à faire monter les taux de clics en même temps qu'il diminue les coûts d'acquisition, Qwant assure qu'il y a "bien d'autres méthodes pour gagner de l'argent que d'épier les utilisateurs".

Le modèle économique de Qwant est pourtant bien basé sur la publicité et l'affiliation.

Peu de détails ont été donnés par les deux cofondateurs, si ce n'est la possibilité de mettre en avant dans les liens de Shopping des annonces personnalisées menant vers les e-commerçants partenaires. Le B.A-ba de l'affiliation, en somme.

"On ne suit pas l'internaute, on ne le trace pas, on ne cherche pas à connaître son identité...

Le Freedom Qookie est juste là pour améliorer son expérience de recherche," assurent Rozan et Léandri, qui n'hésitent pas à lâcher quelques qualificatifs lourds de sens dans l'univers du logiciel : "ouvert", "libre", "ludique", "accessible à tous".

Par "libre", n'entendez pas que les développeurs pourront aller fouiller dans le code du cookie à leur guise pour vérifier que les actes sont conformes aux déclarations de principe.

"Il y a tellement de services qui se sont basés sur des solutions ouvertes pour fermer au final leur site... On préfère parler d'open data. On ne peut pas ouvrir notre code, mais on fournira des API," promettent-ils.

Quant aux garanties de conformité aux déclarations sur les données personnelles, Qwant renvoie à trois mesures légitimes :

  • la direction des opérations et la présence des données en Europe, ce qui l'a obligé à être "CNIL-validé" en France et devant les autres autorités de protection des données personnelles où il opère,

  • le Freedom Qookie,

  • la présence parmi les partenaires du cabinet d'avocats Caprioli, spécialiste du droit des TIC.

Vers l'infini et l'au-delà

Au final, la démarche de Qwant semble bien marquer un tournant vis-à-vis de la communication conquérante qui a accompagné le lancement de la première version en février dernier - et pour laquelle les cofondateurs admettent à demi-mot des erreurs possibles.

Plus modeste dans l'affichage de ses ambitions, le moteur de recherche français n'en manque pas. Une web app adaptée aux smartphones a été lancée en même temps que la nouvelle version du site, et Qwant promet des applications pour les principaux systèmes d'exploitation mobiles, même si aucune date n'a été précisée.

De même, divers services sont prévus, dont certains rappelleront forcément quelque chose au lecteur :

  • Qwant Music est dans les tuyaux, qui devrait proposer, "avec un modèle payant", des "choses nombreuses", dont du streaming. On n'en saura pas plus.

  • QMail devrait également arriver un jour, même si là encore, on aura assez peu de précisions. Mais on peut imaginer, au vu du webmail auquel il fait penser, et des directions prises par Qwant vis-à-vis de Google sur le moteur de recherche, que le service français pourrait proposer des nouveautés intéressantes.

  • Une intégration avec Firefox. Lié à la Social API ? "On veut aller plus loin que la Social API avec Firefox. Très loin," promet Eric Léandri.

Des promesses qui devraient donner un peu de travail aux 25 salariés de Qwant et aux 25 employés de Pertimm, l'entreprise d'Eric Léandri qui fournit un certain nombre de technologies au coeur du moteur de recherche.

Qwant annonce d'ailleurs qu'il est en phase de recrutement.

Le moteur de recherche français assure qu'il fera un point en septembre 2013 pour communiquer sur l'avancement de ses projets.

D'ici là, il cherche à lancer son service complet, crawling et indexation compris, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Alllemagne, en Italie, en Espagne et au Brésil.

Il espère ainsi "gagner en crédibilité, en notoriété et en audience".

Crédibilité croissante, si l'on en croit les partenariats annoncés. Outre le cabinet Caprioli et Pertimm, les partenaires regroupent Ebay, TripAdvisor, le CNRS, l'ENSEA (école d'ingénieurs en électronique), et l'Institut de recherche et de coordination acoustique / musique du Centre Pompidou (Ircam).

Reste la question de la réaction de la concurrence, si le caillou Qwant venait à se faire trop gênant dans la chaussure de Google, par exemple. Jean-Manuel Rozan, connaisseur du marché en sa qualité d'investisseur professionnel, balaie le risque rapidement.

"Admettons que dans trois ans, nous soyons la startup française connaissant le plus grand succès de l'histoire. Combien vaudrons-nous ? Dites un chiffre." On pense à Neolane,
récemment rachetée par Adobe, et on avance le chiffre de 600 millions.

"Voilà, admettons que dans trois ans, nous valions 600 millions de dollars. Dans le même temps, on peut imaginer que Google aura connu une croissance de sa capitalisation boursière de 5% par an. Ils sont aujourd'hui à 290 milliards de dollars.

Donc en trois ans, on va ajouter 600 millions de dollars, et ils vont gagner à peur près 50 milliards de dollars.

Ils n'en ont rien à faire de nous, on ne leur fait pas peur." C'est dit.

Myriam KISS. Anild 07/2013 - Source  Antoine Duvauchelle 
http://www.zdnet.fr/




France drapeau Levres















































































































































































































































































 
 



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